Dans un monde toujours plus riche et plus complexe, le peuple doit déléguer de plus en plus de ses décisions à des « représentants » professionnels.
Ces élus doivent jongler avec des promesses de réélection au milieu d’exigences contradictoires de compétitivité et de solidarité. L’électeur veut tout et son contraire tandis que l’élu ne peut rien ou pas grand-chose : dans un système monétaire unique, les résultats ne se mesurent qu’à l’aune de la compétitivité à court terme.
Les idées de la Révolution Française avaient deux cents ans d’avance sur la révolution technologique: avant l’arrivée d’internet, la noblesse est devenue la « classe politique » réunie autour du Roi (le président de la république) et des Marquis (les "élus") tandis que le clergé est incarné désormais par les banquiers, prêtres du veau d’or.
Avec internet, c’est une représentation complètement nouvelle du Tiers-état qui se mobilise et s’auto-convoque dans les débats.
Pour la Cour du Roi, il s’agit de le discréditer par le mépris (« les blogueurs ne sont pas des journalistes » accrédités et mensualisés par un pouvoir) ou par la peur liée à l’ignorance (« bitcoin permettrait le blanchiment d’argent alors que les banques ne le permettent pas »).
Patrick Viveret
Comme l’observe fort justement l’économiste Patrick Viveret, historiquement, lorsque l’innovation ou le changement menacent, les ressorts du statu quo se déploient en trois temps: on commence par dire que l’idée nouvelle est fausse. Lorsqu’elle commence à être adoptée plus largement, on dit qu’elle est marginale. Enfin, quand elle est en passe de devenir vraiment reconnue par le plus grand nombre on dit qu’elle existe depuis longtemps pour en minimiser la portée et dédouaner ceux qui l’ont combattu.
Comparons simplement, les secteurs essentiels, quasi régaliens, de l’économie, que sont l’énergie et les transports, au secteur financier.
En matière d’énergie, les industries du charbon et du pétrole se voient concurrencer depuis longtemps par les forces de l’innovation appliquées notamment à l’énergie solaire. La dangerosité des effets des énergies fossiles sur le climat, quoique contestée par ces industries à travers quelques études sponsorisées, fait suffisamment consensus pour que la concurrence des énergies propres soient quasi unanimement reconnue comme bénéfique.
Dans le secteur des transports, aussi essentiel à toute économie développée, les différents modes de transports, y compris le vélo, sont mis en concurrence et en complémentarité pour une meilleure efficacité des déplacements, avec le soutien des politiques publiques.
Par contre, dans le secteur financier, la création monétaire est totalement monopolistique et confiée exclusivement à un groupe de sociétés privées (les banques), usant d’une monnaie unique sans la moindre justification, théorique ou pratique, de ce privilège.
Au contraire, alors que tous les analystes s’accordent à reconnaître le caractère systémique et cyclique des crises financières que nous connaissons depuis des centaines d’années, seuls quelques très rares économistes se permettent de remettre en question ce dogme du monopole monétaire aujourd’hui attribué à un cartel bancaire, organisé par la banque centrale, autour d’une monnaie unique, labellisée comme telle par l’état.