Après avoir forcé 400 millions de clients à enregistrer leur cartes de crédit chez eux (sinon ils ne peuvent pas utiliser leur iphone sans restrictions), les managers d’Apple ont maitenant décidé de barrer la route à leurs concurrents dans l’appstore: le lancement de Passbook cette semaine avec iOS 6 suit l’éviction sans cérémonie, le mois dernier, de Blockchain Wallet ( un client léger bitcoin qui s’appuie sur une application web) et BitPak (un client «lourd» qui télécharge l’intégralité de la chaîne de blocs bitcoin sur l’iPhone, une approche techniquement peu recommandable).
D’autres applications bitcoin semblent avoir échappé aux fourches caudines d’Apple car elle ne permettent pas d’envoyer ni de recevoir des bitcoins. A l’exception notable de FriendlyPay qui ne présente un bouton «send» que lorsque le solde du porte-monnaie a été crédité en bitcoin: une particularité qui la réserve aux utilisateurs avertis: ou bien est que les testeurs d’Apple n’ont pas pu se résoudre à se procurer des bitcoins pour découvrir la fonctionnalité ?
Ces mesures coercitives s’apparentent à une ligne Maginot dressée par Apple puis que les iphones déverouillés par Jailbreak peuvent télécharger Blockchain Wallet et, surtout, Apple ne fait qu’augmenter la demande pour des applications web «out-of-store» à base de HTML 5, optimisées pour les mobiles.
La coercition imposée par Apple n’a pas non plus de fondations juridiques. Le téléphone mobile est un monopole local, dans la poche de l’utilisateur, il n’y a pas de place pour deux. C’est son seul moyen d’accès aux applications en mobilité.
Apple invoque ses «guidelines» en anglais:
“apps must comply with all legal requirements in any location where they are made available to users.” tout en déclarant que «c’est l’obligation du développeur de comprendre et de se conformer à toutes les législations locales».
C’est donc le développeur indépendant, souvent sans moyens, qui doit investir son temps dans le développement d’une application utilisant une technologie propriétaire d’Apple, espérer que Apple ne décide pas de supprimer l’application et, si Apple le fait, doit chercher lui-même la justification juridique d’une décision prise par Apple !
Aucune loi n’interdisant l’échange de bitcoins en France (et pour cause: la possibilité de faire du troc est inscrite dans le code civil depuis deux siècles) , nous sommes clairement devant une pratique anti-concurrentielle.
Un logiciel libre aussi performant que bitcoin est une gêne potentielle pour les opportunités de partenariats stratégiques que Apple souhaite conserver vis à vis de Mastercard, Visa, les banques, Square, iZettle, etc , pour nous imposer des moyens de paiement coûteux pour les marchands, basés invariablement sur la sacro-sainte carte bancaire.
Apple veut faire du paiement mobile en un clic (c’est à dire avec enregistrement de vos données bancaires par Apple) un argument de vente pour ses iphones: pas question pour Apple que le paiement mobile universel devienne facile pour tout le monde grâce à bitcoin..