Bitcoin est une excellente nouvelle pour les citoyens européens: pour la première fois, il est possible désormais de faire émerger une alternative aux réseaux privés (Visa/Mastercard), via le réseau bitcoin.
Publié sous licence libre, le protocole bitcoin constitue une norme mondiale de facto: il permet à toutes les solutions qui s’appuient sur cette technologie d’être compatibles entre elles, contrairement aux derniers projets des banques (Kwixo, s-money) ou des opérateurs télécoms (Buyster). Ces projets se heurtent au mur de «l’effet réseau»: un utilisateur de Kwixo ne peut pas payer simplement un utilisateur de Buyster. Seul Paypal grâce à sa position dominante basée sur un très grand nombre d’utilisateurs peut convaincre aisément les marchands de proposer sa solution de paiement en ligne.
Légende sexiste: faut-il être blonde pour envoyer son numéro de CB par internet?
C’est pourquoi, les concurrents de Paypal sont condamnés à se mettre d’accord rapidement sur un protocole standard ou à disparaître.
Bitcoin est donc un ingrédient essentiel dans la mise en place d’une alternative européenne aux moyens de paiement dominants qui prélèvent une part considérable des marges de la distribution en ligne: typiquement, la commission de 3% prélevée par Paypal sur le montant d’un achat en ligne représente plus du tiers de la marge du commerçant !
Parce que bitcoin est un logiciel libre il instaure une régime de concurrence saine et , aucune société ne pourra jamais imposer des commissions excessives sur le réseau bitcoin sans craindre d’y être dépassée par ses concurrents. Rappelons que les banques prélèvent plus de 3 milliards d’euros par an sur le commerce en France avec les commissions sur les transactions cartes bancaires (d’après le rapport Pauget-Constans sur l’avenir des moyens de paiement, le marché français des paiements par carte a généré pour les banques un résultat courant avant impôt de 2,6 milliards d’euros en 2009) et une somme équivalente avec les cotisations et autres frais facturés aux utilisateurs. Ces sommes astronomiques sont tout simplement le révélateur d’une situation de marché non concurrentielle.
La Commission européenne a estimé que le total des paiements effectués par carte s’élevait à 1350 milliards d’euros par an et ces paiements donnaient lieu à des commissions d’interchange d’un montant évalué à 25 milliards d’euros par an, que les banques facturent indirectement aux entreprises de l’Union européenne.
A l’instar de diverses autorités nationales, la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises le caractère infondé, anticoncurrentiel et disproportionné de ces commissions.
Elle critique notamment le fait que ces commissions gonflent le coût de l’acceptation des cartes par les détaillants sans générer des gains d’efficacité prouvés ainsi que le risque pour les consommateurs de payer deux fois les cartes de paiement (une première fois sous la forme de frais annuels payés à leur banque et une seconde fois sous la forme de prix de détail majorés).
Bitcoin est aussi une mauvaise nouvelle pour ceux qui profitent de la fraude à la carte bancaire: avec la technologie bitcoin, l’utilisateur n’expose aucune donnée bancaire susceptible d’être utilisée pour prélever des sommes indues sur son compte. Bitcoin est un paiement «push» consistant à envoyer un message comportant une transaction signée alors que les moyens de paiement traditionnels (cartes bancaires) fonctionnent en mode «pull» et consistent à fournir une information sensible (le numéro de carte) permettant de prélever de l’argent sur un compte.
Alors que l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP) a publié un nouveau rapport sur la hausse des fraudes à la carte bancaire sur internet, l’UFC-Que Choisir dans son étude de février 2012 , dénonçait l’ampleur de la fraude sur les paiements en ligne, fraude jusqu’à 113 fois plus élevée que sur les paiements de proximité. Selon l’étude de l’ONDRP , en 2011, 650 000 ménages (2,3 % du total) ont déclaré avoir été victimes d’au moins un débit frauduleux sur un compte bancaire, contre 500 000 (1,8% des ménages) en 2010. Déjà, fin 2012, l’Observatoire de la sécurité des cartes de paiement confirmait la progression de la fraude, de 12 % en montant de 2010 à 2011 alors que les paiements par carte ne progressaient que de 7 %. Le commerce à distance représentait 61 % de la fraude, pour seulement 8,4 % des transactions. De plus, dans 70 % des cas ce sont les consommateurs qui ont détecté la fraude, les banques n’ayant prévenu les clients que dans 22 % des cas.
Bitcoin oppose une prévention efficace à la fraude: il est beaucoup plus logique et facile d’identifier les commerces de confiance que de scruter les habitudes d’achat de millions d’utilisateurs.
Pour mettre en oeuvre cette innovation, il faudra qu’il soit permis aux entreprises et aux particuliers d’utiliser un autre système que les circuits bancaires existants: puisqu’un autre réseau libre, le web, a permis de développer des services de «banque en ligne», compléments rapides et efficaces des agences «brick and mortar», il est permis d’imaginer que le réseau bitcoin complétera bientôt l’éventail des moyens de paiements du plus grand nombre.
Concurrence et monopole s’opposent comme résilience et efficience: l’économie manque aujourd’hui de résilience avec des crises à répétition et l’efficience du monopole n’est plus perçue que par ceux qui en bénéficient directement, les banques.
C’est le monopole et sa délégation aux banques dont il faut absolument corriger les effets néfastes en mettant en place un ou plusieurs systèmes transactionnels alternatifs. Ces systèmes alternatifs doivent être mis en concurrence avec les systèmes bancaires de la même façon que les opérateurs télécoms «historiques» ont été contraints à davantage d’innovation et de performance par l’émergence d’opérateurs alternatifs.
Aujourd’hui, Bitcoin est la seule alternative crédible à même d’offrir les bénéfices d’une concurrence significative. Les autres modèles de monnaies alternatives sont centralisés autour d’une organisation (association ou collectivité territoriale pour les monnaies dites «locales», réseau social privé ou éditeur de jeu vidéos pour les monnaies dites «virtuelles»), maillon faible qui peut être aisément contrôlé par le système bancaire central, requalifié en «établissement financier» pour mieux l’absorber, effaçant ainsi au passage son potentiel de transformation des pratiques bancaires.