Au-delà de la diversité monétaire, la taxe unique, proposée par Simon Thorpe, serait une innovation très intéressante : il s’agit d’une taxe sur toutes les transactions, aussi bien celles de l’économie productive que les transaction spéculatives.
La proposition est plus consensuelle que la taxe Tobin car elle toucherait toutes les transactions.
Elle est aussi plus juste que la TVA qui frappe sélectivement les transactions de l'économie productive.
Aujourd’hui une transaction courante, comme acheter un appareil électro-ménager, est taxée à 20% avec la TVA, alors que le taux de la taxe sur les transactions financières est zéro!
La proposition de la taxe Tobin a fait glapir tous les lobbyistes financiers qui ont réussi à la repousser avec l’argument suivant: si la taxe Tobin était appliquée , la financiarisation de l’économie serait entravée car beaucoup de valeurs sont créés sous l’hypothèse de coûts de transaction réduits.
C’est le cas par exemple des options qui doivent être très liquides.
Par exemple, pour se protéger du risque lié aux aléas de la récolte d’oranges dans le monde, Orangina doit se couvrir avec des options.
Si le cours du quintal d’oranges est aujourd’hui à 30€, Orangina doit pouvoir compter sur ce prix pour une période de 6 mois sans avoir à craindre une hausse du cours.
Orangina est donc désireux d’acheter un contrat lui donnant l’option d’acheter un quintal d’oranges pour 30€ dans 6 mois.
Pour cela des traders dans une grande banque vont lui proposer un contrat pour quelques euros et vont négocier des transactions sur les oranges quasiment en permanence pendant 6 mois: si les attentes du marché pour le cours des oranges à 6 mois baisse en dessous de 30€, le contrat d’option ne vaut plus rien, si le prix attendu pour dans 6 mois augmente à 40€ au contraire, le contrat vaut 10€.
Selon ces traders, l’absence de taxe sur les transactions est indispensable à leur activité.
La question devient, est ce que cette activité est réellement utile à l’intérêt général ou bien ne sert-elle que les traders et Orangina au détriment de tous les autres acteurs économiques, à commencer par les consommateurs et les petits producteurs d’oranges ?
En fait, les petits producteurs, eux, non pas accès à ces produits dérivés sophistiqués: ils subissent le risque de leur production locale à plein et n’ont pas le loisir de le transférer au reste de l’économie contrairement à Orangina.
Les produits dérivés introduisent donc une distorsion de concurrence au profit du gros producteur.
Avec la taxe unique, on verra s’établir un optimum économique entre le taux de la taxe et son assiette, le nombre et la qualité des transactions.
On devrait observer en particulier une baisse des transactions spéculatives avec une hausse légère du taux unique, sans toutefois approcher les taux de la TVA.
Voici quelques chiffres pour illuster comment le taux de la taxe unique pourrait évoluer.
Actuellement, dans la zone euro, le montant total annuel des transactions est de l'ordre de 2 millions de miliards d'euros alors que, dans le même temps, le produit des impôts et taxes divers et variés est de 4000 millards d'euros.
Il suffirait donc d'appliquer une taxe unique de 0,2% sur toutes les transactions pour remplacer tous les impôts et taxes.
Même si les transactions financières diminuaient fortement, le taux de la taxe unique resterait très inférieur aux taux de TVA actuels.