L'emploi continue d'être une obsession de nos dirigeants: certaines élites sont quasiment affolées à l'idée que la technologie allait libérer le temps et permettre au plus grand nombre de s'instruire, de réfléchir, voire, tenez vous bien, d'éduquer ses enfants.
Nous avons donc un ministre de l'emploi dont le job consiste à faire perdurer cette institution, ou plutôt cet esclavage.
Car, avec un revenu mensuel médian en France en dessous de 1500 euros nets, quelle liberté reste-t-il à l'employé ?
Le mot emploi contient d'ailleurs sa propre contradiction: je veux bien qu'on emploie un outil mais comment peut on employer une personne sans en faire une machine ?

Flash, employe modele
Flash, employé modèle du bureau des cartes grises.

L'expression trompeuse, "destruction d'emplois", est constamment brandie au lieu de "création de libertés", qui pourrait éveiller les consciences.
Bien sûr, la création de liberté s'appliquera aux domaines où elle a disparue, c'est à dire les travaux répétitifs ou normatifs, qu'ils soient manuels ou intellectuels.
A l'évidence, la fin du travail répétitif en usine ou du travail dangereux sur un chantier est une libération pour quiconque a visité un de ces lieux paradisiaques.
Mais les avocats et les juges pourraient aussi être libérés au profit d'un système expert qui aura la connaissance de tous les textes de lois et de toute la jurisprudence et qui pourra donc produire des conseils et des décisions exemptes de "préjugés", distortions géographiques ou biais culturel.
Ces deux avancées sont bien évidemment terrifiantes pour ceux qui gèrent et donc profitent du système esclavagiste.
A terme, seuls les métiers de l'agriculture, de la culture (y compris l'éducation), du divertissement (y compris la restauration) et des services à la personne resteront des "employeurs" importants.

La guerre des mots fait rage avec des institutions qui produisent des rapports alarmistes plutôt que de dessiner la transition vers le temps libéré.
Pendant ce temps, le réseau Bitcoin intègre ses règles de validation des transactions, alors que les régulateurs, partout dans le monde, demandent à des armées d'employés de banque d'appliquer leurs règles avec la même discipline que des ordinateurs.

Le dénigrement de Bitcoin par les réactionnaires de tout poil s'accompagne depuis 2015 d'une nouvelle doxa idolatre autour du mot "blockchain".
Commençons par poser une définition de la blockchain:
"Base de données accessible librement sur internet, sans contrôle central, hébergée et mise à jour par des dizaines de milliers de volontaires qui mettent à disposition de la puissance de calcul empêchant toute modification irrégulière des données.
Les données consistent en des transactions sous forme de messages ordonnés, signés, en clair, indiquant le montant des fonds transférés ainsi que l’origine et la destination des fonds.
L'intérêt majeur de la Blockchain est sa résistance à toute forme de censure ou de détournement, permettant pour la première fois dans l'histoire de l'informatique d'obtenir une source indépendante et infalsifiable de vérité.
La Blockchain permet de construire des applications jusque là impensables, comme une monnaie décentralisée et des applications de certification ou de signature de documents sans autorité centrale."

Cette définition ne décrit pas comment sont obtenues les caractéristiques essentielles de la blockchain à savoir

1) l'ouverture à tout participant (mineurs, gateways, exchanges, wallets) sans inscription préalable.

2) l'horodatage immuable d'une transaction, par le numéro du bloc auquel elle appartient.

3) l'absence d'un administrateur identifiable qui rend cette base de données pratiquement incorruptible.

La fin de la "preuve de travail" ? Pourquoi il faut "shorter" Ethereum.

En particulier, certains "commentateurs" parlant du minage imaginent pouvoir en changer les règles à l'infini sans expliciter ni même, parfois, comprendre les conséquences de ces changements.
Prenons par exemple, l'idée de remplacer la preuve de travail (proof of work ou PoW en abrégé) par la preuve de possession (proof of stake ou PoS).
La proposition est séduisante car un algorithme PoS consomme théoriquement beaucoup moins d'énergie que l'algorithme PoW.
Le protocole PoS confie la validation des blocs de transactions aux possesseurs des coins, en fonction de la quantité de coins qu'ils détiennent et de leur durée de détention.
La validité d'un bloc PoS tient à de signatures de possesseurs de coins, chaque signature étant pondérée par une preuve de possession de coins en quantité x depuis une durée y.

Cependant, une blockchain PoS ne peut offrir le même niveau de sécurité qu'une blockchain PoW car elle ne coûte rien à construire !
Supposons une blockchain PoS, parvenue à une certaine valeur liée à son utilité théorique (future) et à son utilisation pratique.
Cette valeur se reflète dans le prix d'échange des pos-coins, pos-coins répartis entre les mineurs PoS.
Cependant, cette valeur peut décroitre même si le nombre d'utilisateurs augmente car il n'y a pas de barrière à l'entrée réelle pour proposer une deuxième puis une troisième blockchain PoS concurrente.
C'est ce qu'on appelle la fragmentation de l'effet réseau.
Si l'utilité (et donc la valeur) d'un réseau est fonction du carré du nombre de ses utilisateurs (c'est la loi de Metcalfe), elle n'augmente pas en fonction de la quantité de coins circulant sur le réseau.
C'est la valeur des transactions potentiellement traitées par le réseau qui détermine la valeur d'un réseau de paiement.
Or les coins sont des objets numériques, divisibles théoriquement à l'infini, et d'une vélocité extrême car ils sont transférables quasi instantanément.
Il n'y a aucune raison de limiter leur divisibilité artificiellement à deux décimales (comme pour les euros).
Une quantité de coins illimitée empêcherait donc de valoriser ces coins correctement car il n'y aurait plus de lien déterministe entre la valeur présente du réseau et la valeur des coins en quantité future illimitée.
Le coût de "production" des pos-coins est quasi nul car aucune énergie n'est dépensée spécifiquement pour le créer.
Aucune fonction de coût ne limite la quantité de pos-coins disponibles sur le marché dans le futur.
Si les pos-coins ne peuvent avoir valeur d'investissement, ils n'ont donc qu'une valeur d'usage et une valeur unitaire qui tend vers zéro si les offres de PoS coins se multiplient indéfiniment.
Une blockchain PoS constitue donc un ledger partagé mais une transactions PoS n'a qu'une valeur conventionnelle entre les participants: cette transaction, comme une transaction Bitcoin avec des "colored coins", devra être compensée par un transfert de valeur effectif sur un autre réseau (euro, bitcoin ou autre).

Malheureusement, ce n'est pas la seule limitation sérieuse d'un protocole PoS.
En effet, la blockchain PoS est infiniment plus exposée à une réorganisation que la blockchain PoW.
Par réorganisation il faut comprendre émergence d'une branche qui invalidera des transactions passées.
Si la valeur de marché des PoS coins tend vers zéro de par leur quantité théoriquement illimitée (absence ou pénurie d'investisseurs et foisonnement de chaînes concurrentes), il devient facile de les acheter un jour.
Or, acheter la majorité des coins sur une blockchain PoS revient, par définition, à en prendre le contrôle.
Celui ou celle qui achète la majorité des coins peut ordonner les transactions à sa guise, ce qui rend cette blockchain insuffisamment fiable pour supporter les services de certification et de paiement que rend une blockchain PoW.

Pourquoi il faut "shorter" Litecoin

A l'inverse d'une chaîne PoS, la blockchain PoW (Bitcoin) est une infrastructure qui ne peut pas être efficacement répliquée.
Par exemple, la blockchain PoW Litecoin, née en 2011 suite aux premiers succès de Bitcoin, n'apporte aucune amélioration significative par rapport à Bitcoin.
Sa valorisation est environ 40 fois inférieure à celle de Bitcoin, et sa sécurité (la puissance de calcul du réseau ) est un million de fois inférieure à celle assurée par Bitcoin.
Pourtant, si les ressources consommées aujourd'hui pour sécuriser Litecoin étaient transférées au réseau Bitcoin, celui-ci ne pourrait qu'en être renforcé: au lieu de deux réseaux, nous n'en aurions plus qu'un mais il serait encore plus sûr que Bitcoin.
On peut dire que la réplication du réseau Bitcoin (avec le réseau Litecoin) est un gaspillage du point de vue de la sécurité et ne peut se justifier que par le nombre de transactions supplémentaires qu'il permet.
Comme il existe des solutions de passage à l'échelle (scalabilité) du réseau Bitcoin plus efficace qu'une chaîne flottante, il est difficile de considérer Litecoin comme une solution de scalabilité pérenne.

En particulier, il existe une solution plus efficace que le minage PoW pour un sidecoin: un sidecoin PoS convertible un pour un en bitcoin.
En évitant de soumettre le coin PoS à la volatilité d'un cours flottant convergeant inexorablement vers zéro, une sidechain PoS liée à la blockchain Bitcoin combine les avantages de la faible consommation énergétique du protocole PoS et de la pérennité de la valeur des coins PoW.
Grâce à la convertibilité des sidecoins conférée par le mécanisme de la sidechain liée ("pegged sidechain"), un acheteur ne pourra acquérir la majorité des sidecoins PoS qu'en payant le prix du marché des bitcoins.
La sidechain PoS devient donc un ledger annexe dont la sécurité sera directement fonction de la quantité de bitcoins convertis en sidecoins PoS.
Parallèlement, une sidechain PoW dériverait sa sécurité de sa puissance de calcul.
Sauf à ce que la puissance de calcul de la sidechain PoW soit au moins égale à celle du réseau Bitcoin, la conversion des bitcoins en sidecoins PoW reviendrait donc à affaiblir la sécurité des bitcoins convertis, ce qui n'aurait aucun sens.
Une alternative viable consisterai à implémenter une sidechain PoW en mode "merged mining", c'est à dire un protocole permettant aux mineurs de produire des preuves de calcul à la fois pour le réseau Bitcoin et pour la sidechain.
Le projet Rootstock, récemment lancé, a fait ce choix judicieux.