Des militaires de l’opération Harpie en action sur un site d’orpaillage illégal en Guyane en janvier 2019. Photo archives Jody AMIET/AFP
La tribune intitulée “Stop à l’hypocrisie des banques autour du Bitcoin” que j’ai publiée récemment aurait pu donner lieu à un débat sur le pouvoir bancaire, aujourd’hui prépondérant au dépens du pouvoir politique.
Si voter servait à quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit. Les politiques sont en effet désormais interchangeables car si les promesses varient d’un candidat à l’autre, les partis au pouvoir, quels qu’ils soient au gré des alternances, sont toujours les débiteurs de la même oligarchie bancaire qui a financé leurs campagnes.
Avec Bitcoin, la dictature monétaire fait face à une nouvelle dissidence, autrement plus dangereuse pour elle que les vélléités des casseurs de distributeurs ou d’Eric Cantona promettant naïvement de retirer tout son argent.
Si l’euro est un jeton d’usage sur un réseau social qui ne peut vivre que par les noeuds du réseau, à savoir les banques, Bitcoin en est tout simplement une alternative décentralisée et les stable coins en sont une variante libriste.
Quelques réactions à ma tribune révèlent l’intensité de la désinformation destinée à masquer cette évidence. En effet, certains me conseillent d’aller voir ailleurs en Europe, comme si la fuite était une forme ultime de résistance, oubliant encore que toutes les banques de la zone Euro ne forment qu’un seul et même réseau. En réalité, la prison n’est pas l’euro mais le monopole dont il bénéficie grâce au code monétaire et financier.
Article L511-5: “Il est interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit ou une société de financement d’effectuer des opérations de crédit à titre habituel. Il est, en outre, interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit de recevoir à titre habituel des fonds remboursables du public ou de fournir des services bancaires de paiement.”
Traduction: établissement de crédit = banque bénéficiant du privilège de création monétaire.
Les rédacteurs de cet article n’ont même pas pris la peine de préciser que les opérations de cédits et de paiement en question sont forcément libellées en euro car c’est la seule monnaie qui existe à leurs yeux. L’absence de débat résulte directement de la mainmise des banques sur les médias.
L’omniprésence des publicités qui nous assènent “ j’aime ma banque” (la méthode coué) ou “la banque à qui parler” ou encore “c’est vous l’avenir” ne démontre qu’un chose: ces publicités n’ont rien à vendre tant que nous nous sentons obligés d’acheter la seule monnaie disponible selon elles.
La publicité d’image prend durablement le pas sur la publicité du produit quand la standardisation d’un “produit” aussi réglementé que l’euro exclut la différenciation par la qualité.
Les 6 premières banques françaises investissent environ 500 M€ par an en publicité d’image, une sorte de redevance publicitaire payée par les usagers au seul profit des banques. Dans cette propagande, la petite musique de “Bitcoin et l’environnement” tient une place de choix pour divertir l’attention du citoyen.
En effet, il faut oblitérer l’impasse majeure sur l’avenir faite par la banque de France qui dédaigne ostentiblement Bitcoin pour ne détenir et n’acheter que de l’or comme réserve de valeur. Ce faisant, la banque de France encourage deux activités dévastatrices pour l’environnement que sont le minage de l’or et l’orpaillage.
L’excellent documentaire d’Antoine Estève sur l’orpaillage illégal en Amazonie illustre la dangerosité et l’impact écologique de cette activité: déforestation et pollution des sols et des rivières par divers poisons (mercure, cyanure, arsenic , etc) pour les décennies à venir.
Surnommés “garimpeiros”, les orpailleurs illégaux seraient entre 5 000 et 10 000 à sévir sur le territoire guyanais. Venus pour la plupart du Brésil ou du Surinam voisins, ils forment des petites bandes souvent lourdement armées.
L’orpaillage autorisé et le minage légal de l’or ne sont en rien moins polluants, mais peuvent prendre une ampleur industrielle en toute impunité.
Ce traitement de l’environnement par notre banque centrale fait écho au financement massif des énergies fossiles par les banques qui sont sous sa coupe.
La prochaine fois que vous croisez une question sur la consommation d’énergie de Bitcoin, répondez avec une autre question: croyez vous qu’il sera possible de protéger notre environnement avec un système monétaire unique qui nous impose une croissance continue?
Notre gouvernement a le sens de l’humour: il envoie 200 soldats traquer les orpailleurs en Guyane, un territoire doté d’une superficie presque triple de la belgique et de la forêt équatoriale la plus riche et la moins fragmentée du monde. Dans le même temps, il mobilise 8 000 forces de l’ordre un samedi à Paris pour une manif des gilets jaunes.. Après mûre réflexion, je vais rester encore un peu..