Chronique Sud Radio - décembre 2025
TBINET : Bienvenue dans ce nouvel épisode d’Osez Investir – les incontournables de la cryptomonnaie. Je reçois aujourd’hui Pierre Noizat, président-fondateur de Paymium. Pierre, aujourd’hui vous allez nous parler de l’euro numérique annoncé par la BCE: de quoi s’agit il ?
PNOIZAT : Oui Thomas, la BCE a annoncé qu’elle travaillait sur ce projet qui signifie que chacun de nous pourrait avoir un compte à la BCE puisque ces euros numériques circuleraient sur une blockchain, comme des stablecoins, mais une blockchain contrôlée par la BCE.
TBINET : Quel en serait l’intérêt ?
PNOIZAT :Observons d’abord que l’euro numérique apparait comme une réponse publique et régulée aux stablecoins qui captent une part croissante des flux transfrontaliers. La BCE tente de préserver la souveraineté monétaire européenne. En effet, les stablecoins adossés au dollar, comme USDT avec une capitalisation de plus de 150 milliards de dollars, dominent 80 % des échanges crypto, exposant l’Europe à un risque de dollarisation numérique.
TBINET : Comment ça marche ?
PNOIZAT :Selon les dernières annonces de la BCE en octobre 2025, ce projet serait en phase de déploiement expérimental, avec une infrastructure hybride intégrant des blockchains ouvertes comme Ethereum ou Solana pour favoriser les flux internationaux.
TBINET : Pourquoi certaines banques s’inquiètent elles ?
PNOIZAT :Parce que l’euro numérique sera émis par la BCE et les banques centrales nationales, les banques craignent d’être court-circuitées. En effet, si vous avez un compte à la BCE grâce à l’euro numérique et que vous obtenez vos prêts via la finance décentralisée, la fameuse Defi, vous pourriez vous passer d’un compte bancaire ouvert dans une banque commerciale privée. En réponse à cette inquiétude, la BCE affirme que l’euro numérique sera accessible via les banques ou les plateformes PSAN, avec un plafond de détention de 3 000 euros par utilisateur pour éviter cette désintermédiation bancaire.
TBINET : Est ce que les utilisateurs vont abandonner les stablecoins au profit de l’euro numérique de la BCE ?
PNOIZAT :Ce n’est pas sûr, Thomas. L’euro numérique bénéficie certes de la garantie de parité avec l’euro de la BCE, il est donc immunisé contre les déboires qui ont affectés certains stablecoins algorithmiques comme la faillite du stablecoin dollar Terra en 2022. Mais il porte en lui le risque inhérent à un stablecoin émis par une organisation centrale comme la BCE. Je veux parler du risque d’abus de pouvoir.
TBINET : Comment ce risque pourait il se manifester concrètement ?
PNOIZAT :iPour les citoyens européens utilisateurs de stablecoins, il y a déjà un risque réel de disparition progressive de la concurrence: la BCE supervise les comptes bancaires en euro et pourrait donc rendre la vie impossible aux émetteurs de stablecoins euro par la réglementation. Ils ne pourraient plus détenir de réserves en euros ou bien ces réserves pourraient être gelées. Ensuite, il y a un risque encore plus grand de censure des transactions car l’émetteur, la BCE, serait à la fois le régulateur et l’opérateur des systèmes de paiements en euro.
TBINET : Alors les deux risques se combinent contre nos intérêts ?
PNOIZAT :Tout à fait, Thomas, c’est pourquoi de nombreuses voix mettent en garde contre ce projet de la BCE. La surveillance généralisée rendue possible par la technologie associée à un monopole sur les moyens de paiement forment une combinaison potentiellement léthale pour nos libertés. Ce Big Brother pourrait non selon surveiller toutes nos transactions mais aussi les censurer à sa guise. Les citoyens européens seraient à la merci des lobbys qui veulent nous dicter nos comportements, que ce soit au nom de l’écologie, de la tolérance ou de la solidarité, de beaux concepts trop souvent détournés par des gens qui ont un fonds de commerce politique. On ne serait plus très loin d’un régime comme celui qui sévit en Chine.
TBINET : Il y a un réel danger ?
PNOIZAT :Oui Thomas car la BCE a beau vouloir rassurer en affirmant que les transactions en euro numérique seront confidentielles comme le cash, les billets et les pièces, on peut douter que cette assurance tienne dans la durée. L’histoire a montré souvent que des gens dotés de grands pouvoirs finissent par en abuser. Heureusement, les Etats Unis, grâce notamment au genius Act de Donald Trump, continue de proposer une alternative plus libre avec les stablecoins dollar. En gros, la BCE a choisi la mauvaise option, au lieu de déréguler elle veut prendre le contrôle des stablecoins euro et, ce faisant, elle risque de pousser les européens vers les stablecoins dollar.