J’ai déja parlé du pouvoir de sanction dévolu à la banque de France concernant les salaires des dirigeants des grandes banques française. Il n’a jamais été exercé. Le «gouverneur» nous a expliqué qu’il craint une fuite des cerveaux.
Voici donc la liste des cerveaux et leurs salaires 2011, au milieu de la plus grande crise financière depuis 1929:

Baudoin Prot
Baudoin Prot (BNP) 2,2 millions d’euros (130 fois le smic ! 50 fois le salaire moyen du dirigeant de PME de la construction ou du commerce)

Jean-Paul Chifflet (Crédit Agricole) 2 millions d’euros

Frédéric Oudéa (SG) 2 millions d’euros

Laurent Mignon (Natixis) 1,5 million d’euros

Pierre Mariani
Pierre Mariani (Dexia) 1,2 million d’euros
Mention spéciale au patron de Dexia, la banque qui a fourgué ces dernières années un maximum d’emprunts toxiques à taux variables aux villes françaises.

François Pérol (BPCE) 1,1 million d’euros
etc..

Une différence entre 1929 et maintenant, c'est qu'internet existe et tout le monde est au courant.
J’ai dit crise financière ? Ils n’y sont pour rien, bien entendu: elle n’est due qu’au chomeur et au smicard qui ne bosse pas assez pour eux !

La fuite des cerveaux peut être, mais de quels cerveaux ? De ceux qui inventent, qui nous enthousiasment, qui nous font réfléchir et progresser ? Non, il s’agit de cerveaux passés maître dans la politique de couloir, l’entregent et la manipulation pour se servir tranquillement dans la caisse avec cynisme.
De toute façon, dans chaque banque, il existe un vivier de 50 à 100 cadres sup, à peu près intercheangables, qui peuvent prétendre à prendre la place de ces «génies» que le monde entier nous envie. Personne ne verrait d’inconvénient à ce que les banques étrangères recrutent nos oiseaux rares (c’est comme ça que s’appellent les rapaces) mais il est risible d’imaginer que Wall Street et la City vont soudainement confier les responsabilités de leurs agissements à des banquiers français qui seraient tentés d’envoyer leur CV. Encore plus risible, d'imaginer que la fuite de nos "meilleurs" traders (ceux qui sont capables du "no limait" sur les pertes) allait changer quoi que ce soit à la spéculation contre notre économie réelle.
Il est vrai qu'à côté de Jamie Dimon, PDG de JP Morgan à Wall Street et ses 23 millions de dollars, ils font figure de cancres.
La dernière prouesse des cerveaux, cette fois chez Morgan Stanley: "conseiller" Facebook pour son introduction en bourse à un prix délirant, constater dès le premier jour que ce prix ne tiendra, faire acheter par Morgan Stanley au soir de ce premier jour pour deux milliards de dollars d'actions Facebook afin de maintenir ce prix artificiellement. On vous le dit: il nous faut des cerveaux..

Ces hautes rémunérations sont un mécanisme essentiel à la préservation d'une sphère financière opaque et toute puissante: elles permettent la formation d'un club qui englobe les dirigeants des grandes entreprises cotées et les hauts fonctionnaires qui aspirent à y pantoufler.

Le livre de Frédéric Georges-Tudo, «Salauds de riches» (Editions François Bourin) s’avère très bien documenté et agréable à lire: il tord le cou à un certains nombre de mensonges colportés par une gauche et des médias démagogiques. Cependant, en mélangeant dans un même panier, pour les défendre, tous les riches, il tombe dans le même travers que le politiquement correct qui les attaquent: le joueur de football professionnel avec le banquier. Celui (le footballeur de haut niveau) qui a tout risqué et tout donné (sa jeunesse et ses études) pour vivre sa passion et atteindre une élite pour la partager est confondu avec celui (le dirigeant de banque) qui a froidement adhéré à un système pour en profiter au maximum, sans jamais rien inventer ni risquer autre chose que l’argent des autres.
D’ailleurs, qui est responsable de la financiarisation du sport, liée à la privatisation des droits de télévision, si ce ne sont ceux qui financiarisent l’économie tout entière ?
Il faut savoir aller à la racine du mal qui ronge le contrat social.

C'est pourquoi il est important de mettre fin, par la loi, à ces pratiques délétères qui se propagent du secteur bancaire aux grandes entreprises du CAC 40. Contrairement à ce qu'affirme Mme Parizot, présidente du MEDEF, les actionnaires (sauf si ils disposent de la majorité absolue, ce qui ne concerne qu'une poignée d'entreprises) n'ont pas les moyens de s'insurger individuellement contre ces rémunérations.