Alors que débute le congrès annuel des gloutons à Davos, le FMI vient de reconnaître qu'il a gravement sous-estimé l’impact de la rigueur budgétaire sur la croissance.
Ce n'est évidemment pas surprenant: le FMI, créé en 1944 par les accords de Bretton-Woods, est le bras armé de la finance dans les pays en difficulté.
Sous couvert de "sauver" l'économie des pays menacés, le FMI arrive toujours avec les mêmes recommandations de rigueur pour éviter les deux terreurs des banquiers: le défaut de paiement et la dévaluation.
Rappelons que c'est en désobéissant au FMI dans les années 80 que l'Argentine a pu se sortir d'une crise grave en dévaluant sa monnaie et en mettant sa dette en défaut.

Dessin Plantu FMI, Le Monde

La Grèce aurait dû prendre les mêmes mesures, c'est à dire le retour à la Drachme et le défaut de paiement, afin de faire payer les banquiers et leurs actionnaires, c'est à dire l'économie de la rente plutôt que l'économie productive.
Leurs dirigeants politiques, issus de Goldman Sachs, ont évidemment préféré sacrifier le niveau de vie des salariés et des fonctionnaires.
La seule rigueur qui pourrait s'appliquer avec succès concerne le secteur improductif de l'Etat (les administratifs qui sont partout trop nombreux, comme si l'informatique n'existait pas) et le secteur bancaire aux effectifs pléthoriques qui croissent encore alors que tous les secteurs productifs sont eux obligés de licencier.
Le FMI fait partie intégrante du dispositif qui permet à une minorité de s'enrichir dans le commerce du risque, au prix d'un prélèvement frauduleux sur l'économie réelle: le FMI intervient lorsque les conséquences désastreuses de ce commerce commence à se faire sentir et dévie alors la charge des réparations sur les peuples quand les seuls responsables sont les politiques et les banquiers. Les "économistes" orthodoxes jouent leur rôle de caution pseud-scientifique: souvenons nous de Milton Friedman (prix Nobel de propagande économique) dans les années 70, conseillant la junte chilienne emmenée par le général criminel Pinochet pour "redresser" le pays après le coup d'état qui y renversa Salvador Allende.
La propagande revendique une rigueur scientifique totalement factice, notamment avec la formule de Black-Scholes qui permet le commerce du risque en mettant un prix sur le risque. Seul problème, ce modèle de prix est faux car il suppose que les risques économiques se réalisent dans une loi de probabilité dite "normale" (loi de Gauss) alors qu'ils interviennent en réalité selon une loi de puissance (comme la loi de Pareto ou loi des 80/20: 20% des entreprises créent 80% de la richesse, etc). Cette supercherie a été abondamment dénoncée, la première fois par Benoit Mandelbrot dès les années 70, mais jamais condamnée par les institutions qui en profitent.

Benoit Mandelbrot
Benoit Mandelbrot

L'accumulation des risques (environnement et matières premières, démographie, progrès inégalement distribué, fin de l'étalon or) à partir de 1973 (1er choc pétrolier) a transformé le commerce du risque en un piège dont les démocraties modernes doivent se sortir au plus vite en reconnaissant son caractère néfaste et frauduleux. Le piège est d'autant plus redoutable que, comme le soulignait récemment le Nouvel Economiste, plus de 40% des transactions se font désormais de gré à gré hors des marchés "régulés". Dans cette spirale infernale, les banques françaises jouent leur rôle de mondialistes sous couvert de la loi des marchés.
La Société Générale CIB (“Corporate and Investment Banking”) a incité il y a quelques semaines ses salariés analystes de marché et traders – à rejoindre Londres avec un contrat de travail britannique sensiblement plus avantageux pour elle (en contrepartie d’une augmentation de salaires). BNP Paribas a nommé son nouveau responsable européen des ventes pour les dérivés actions – Nick Tranter, ex-Morgan Stanely – à Londres car la plupart de ses clients et interlocuteurs, les hedge funds, y sont implantés.
Tout ceci témoigne que le FMI, la BCE et les banques sont les acteurs d'une seule et même dictature financière que nous vivons à court terme sans perspective concrète sur l'intérêt général et le long terme.