José Manuel Barroso, qui a été pendant dix ans, jusqu'en 2014, président de la Commission européenne, va rejoindre Goldman Sachs à Londres afin de les conseiller à temps plein sur les effets négatifs du «Brexit».
Comme le rappelle le journal Libération du 9 juillet, Goldman Sachs est la banque qui (avec, à l'époque, Mario Draghi dans le rôle du dirigeant de banque) a "conseillé" le gouvernement grec pour dissimuler l’étendue de son déficit avant de spéculer, en 2009-2010, contre la dette grecque dont elle connaissait évidemment l’insoutenabilité.

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Barroso, doté d'une retraite de 17 000 euros bruts par mois par la Commission (sans compter ce qu'il touche en tant qu'ancien Premier Ministre du Portugal), se distingue donc des autres anciens présidents de la Commission, qui, bénéficiant de cette pension confortable censée les préserver de la tentation, ont, jusque-là, su éviter les "revolving doors": un coup on rentre dans la banque pour sortir de la politique, un autre coup, on passe la porte dans l'autre sens.
En France, Emmanuel Macron et, bien avant lui, Georges Pompidou, sont des exemples français du franchissement de portes.

Sans passer en revue bien sûr, l'immense cohorte de grouillots, parfois moins connus mais toujours plus nombreux, qui se sont succédé au pouvoir.
Une de leurs stars, Bernard Debré, urologue qui a malencontreusement changé de spécialité, n'a même pas besoin de passer par la case banque pour parler comme un dirigeant de banque centrale: s'exprimant doctement sur un des nombreux sujets qu'il ne connait pas, Bitcoin, il affirme qu'"il faut que l’on interdise cette monnaie".

Bel exemple du deux poids, deux mesures: l'utilisation de la carte bancaire pré-payée ou du billet de banque anonyme pour les trafics qu'il prétend surveiller ne le conduit pas à la même recommandation concernant ces moyens de paiement.

Il faut dire que son parti, endetté à hauteur de 69 millions d'euros (chiffre de 2015), se doit d'obéir aux banques au doigt et à l'oeil.
"Nous avons une feuille de route fixée avec un pool bancaire et nous la tenons", déclarait alors à Europe 1 le député Daniel Fasquelle, trésorier du parti.

Ces braves gens sont auto-persuadés d'agir pour le bien commun car pour eux le maintien du status quo, la gestion du système est préférable à tout changement, synonyme de menace diffuse pour leurs privilèges.
Leur capacité de déni est quasi illimitée, à l'image de Louis XVI écrivant dans son journal, en face de la date du 14 juillet 1789, un article d'une concision remarquable que je retranscris ici in extenso: "Rien".

Mais, ne nous y trompons pas, celui qui souffre de "delusion" (en anglais dans le texte), c'est celui qui souligne ces dérives car il est forcément une victime paranoïaque de la "théorie du complot".
Ce vocable recèle un retournement sémantique à 180° car le complot se définit (selon wikipedia), comme une entente secrète entre plusieurs personnes, en vue de renverser un pouvoir établi.
Il n'y a donc ici en réalité aucun complot, mais seulement les manœuvres d'un pouvoir établi pour retarder, voire empêcher, la transition indispensable d'une économie de compétition effrénée vers une économie de coopération durable.