L'opinion communément véhiculée par les conservateurs (lobbyistes, médias sponsorisés par le secteur financier) sur tout moyen de paiement anonyme consiste à agiter le spectre de l'évasion fiscale et du blanchiment d'argent.
Les pratiques frauduleuses sont bien réelles mais passent pourtant le plus souvent par des banques dûment enregistrées, comme les centaines de filiales ouvertes par les grandes banques dans les paradis fiscaux.
La City de Londres s'en est fait une spécialité construite sur les 60 îles des ex-colonies britanniques à travers le monde.
Bitcoin, une innovation qui offre aux participants d'une transaction la liberté de révéler ou pas leur identité, est la cible de cette propagande contre le progrès et pour le status quo qui profite à ces banques.
Cependant, il est indispensable de préserver cette liberté de l'anonymat choisi pour ne pas laisser les dictatures prendre la main définitivement, dans un grand nombre de pays.
La Chine se distingue déjà à la pointe de la répression technologique en limitant l'accès de ses internautes aux sites "autorisés": ce qu'on appelle "the Great Firewall of China" dans une comparaison satirique avec la grande muraille.
Le projet Tor qui permet d'anonymiser une requête pour accéder à un serveur "interdit" (l'adresse IP du serveur est alors cachée des autorités par un réseau d'internautes qui relaient la requête sous forme encryptée: Tor est au web ce que PGP est à l'email) fait l'objet d'une attention particulière de la part des gardes-chiourmes de la Chine soit disant Populaire.
De la même façon, Bitcoin, qui permettra demain de financer une association ou un parti politique interdit en Iran ou en Chine, doit être soutenu comme un projet d'intérêt général.
Souvenons nous que Wikileaks a été mis à genoux seulement lorsque Visa, Mastercard et Paypal ont cédé aux pressions politiques pour cesser de faire transiter les donations qui finançaient l'organisation jusque là.
Même si on n'adhère pas forcément aux thèses de Wikileaks, on pourra s'inquiéter que si les seuls moyens de paiement disponibles sont ceux des banques, nos donations laissent trop de traces pour que la liberté de chacun soit garantie.
Dans la foulée des lois ineptes et dangereuses telles que Hadopi ou ACTA, le flicage d'internet par les lobbies des banques et du copyright finira par étouffer cette ultime frontière de la liberté individuelle de penser et de savoir.