"Les gens bons ne se soucient pas de gouverner."
Alain

Le désordre des élections à l'UMP démontre une fois de plus qu'un système électoral peut se transformer en piège pour les électeurs.
Si le suffrage universel direct débouche sur une professionnalisation quasi totale de la vie politique, l'oligarchie ne tarde pas à remplacer la démocratie.
Nous avons depuis longtemps dépassé ce stade: il faut parler désormais, comme le fait justement Etienne Chouard (voir son excellent blog), de totalitarisme financier.

Etienne Chouard
Etienne Chouard

Ce totalitarisme ne peut s'exercer avec efficacité qu'avec des politiciens professionnels dont les lobbys n'ont aucun mal à faire leurs obligés.
Dans l'ancien régime, il fallait être né noble, aujourd'hui, il faut être vu à la télé.
La télé coûte cher et a besoin d'audience: les journalistes choisissent les vedettes de la politique avec lesquels ils forment un écosystème lisse n'offrant aucune prise aux citoyens, même si comme Etienne Chouard, ils ont d'excellentes idées.
Celles-ci ne seront jamais débattues ailleurs que sur internet tant qu'un nouveau régime électoral ne sera pas mis en place. Lequel ?
Consciente des dangers de la professionnalisation que nous venons d'évoquer, la démocratie athénienne l'avait inventé et mis en pratique avec succès, il y a déjà 2500 ans de cela: l'assemblée constituante tirée au sort.
Le tirage au sort d'un nombre suffisant de citoyens (par exemple 577+ 348 = 925, comme le nombre actuel des députés et des sénateurs) permettrait d'obtenir un échantillon à peu près représentatif de la société française, une fois par an. Ils seraient réunis en congrès pour décider des lois que les députés ne peuvent à l'évidence pas décider eux-même, comme la loi électorale. La carte des circonscriptions ne serait plus charcutée ou la proportionnelle évacuée, pour satisfaire la majorité des élus, notables en place, mais seulement après un débat citoyen où les mauvaises raisons auront du mal à gagner un consensus. La rémunération des élus et leurs diverses dotations ne seraient plus votées par les élus eux-mêmes.
Avec notre régime présidentiel, le seul parmi les pays développés hormis les USA, il n'y a pas de séparation effective entre pouvoirs exécutifs et législatifs. Les élections au suffrage universel direct donnent l'avantage aux candidats adoubés et indirectement sponsorisés par le système financier.
Il est temps de mettre en place le contre-pouvour d'une assemblée citoyenne tirée au sort. Comment est ce possible en pratique, dès aujourd'hui?
Bitcoin nous apporte une fois de plus une solution pratique élégante. Tout le monde peut vérifier facilement sur internet (par exemple sur www.blockchain.info) l'empreinte du dernier bloc ajouté à la chaîne de blocs bitcoin.
Celle du bloc 209400, qui vient d'être publié au moment où j'écris ce post se présente comme ça:
00000000000000e64f1d5c3afb2074b3cf6f240adadf4cec9a971d5c67dbcb48

Prenons les 12 derniers chiffres en sautant les lettres, on obtient la cible entière suivante:
404 997 156 748
Imaginons qu'auparavant, chaque français ait reçu ou choisi un numéro unique aléatoire entre 1 et 999 milliards. On pourrait prendre le numéro de sécurité sociale suivi du millésime de l'année en cours et calculer l'empreinte numérique de cette chaîne de caractère avec une fonction de hachage connue comme SHA1. Pour moi le calcul donnerait ceci:
71ff1abd74f89a6205ccb94ddabfff48be8f86f4
Mon numéro de ticket serait donc le n° 620 594 488 864.

Les représentants à l'assemblée constituante seraient les 925 citoyens dont les numéros de ticket se rapprochent le plus de la cible (par valeurs inférieures et supérieures). La cible serait donnée par l'empreinte du premier bloc bitcoin de l'année en cours.
Le système n'est pas très compliqué, peut être facilement vérifié par chacun grâce à internet et ne coûte rien à mettre en place.

Finissons en avec un régime électoral exclusif (le suffrage universel) qui donne le pouvoir à ceux qui le veulent et mettons en place un régime mixte (en ajoutant au Parlement une Assemblée constituante tirée au sort) qui donne le contre-pouvoir au peuple.